dimanche 5 septembre 2010

Wajda se prépare pour le retour des hommes



Sale p... ! Appelez-la par ce qu'elle est , puisque c'est ce qu'elle est. Wajda se prépare au retour des hommes. Sexes trop longtemps comprimés, frustrés, en vacances. Elle se livrera contrainte aux embouiteillages de corps fébriles, excités dans une rue discrète de la capitale.

Parce que c'est un commerce et que les commerces sont prospères en fonction des saisons, la saison des envies retenues laisse place aux envies débridées. Alors Wajda revient du pays. De là-bas où on pense qu'elle travaille chez une dame des quartiers chics de la grande ville. De là-bas où il ne lui reste plus de famille qu'un vague lien dont elle ne dit jamais rien.

Elle lave sa chambre, elle doit être présentable pour les clients. Alcôve gris, murs glabres, lit fruste, sombre recoin protégé des allées et venues des jambes fiévreuses par un rideau noir troué. Ils choisissent, elle est choisie, a t-elle jamais choisi quoi que ce soit dans sa vie ? Qui peut juger ? Entre ceux qui n'ont pas décidé que cela existait, ceux qui prennent et s'en vont et ceux qui hurlent de savoir que cela existe.

Elle s'apprête. Des gestes ordinaires que feraient un être ordinaire qui voudrait paraître et séduire mais sans que son corps soit l'hôte temporaire d'un désir tarifé. Matrone sourcilleuse. Epaules fortes des anciennes qui ont l'air d'avoir bâti un mur d'indifférence à tous leurs sentiments. Wajda pense, c'est sûr. Elle pense surement à une autre vie que celle là. Mais il faudrait être fou pour penser que cette femme là a un esprit.

Tableau : Le réveil, Eva Gonzalès


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