Le roi Mangetout avait organisé sa vie autour de ces péchés favoris : la gourmandise (Gula en latin), la paresse et la luxure.

De cette vie de roi dissolue qui de plats généreux aux parties fines le menait inéluctablement au vomissoir et à des lendemains de sommeil continu, ses ministres, son peuple et ses artères ne voulaient plus.......

Pâle, livide et sans plus d'énergie qu'un escargot sous antidépresseurs, le roi finit par rester au lit se plaignant de son estomac, de son coeur, de ses jambes et de sa tête. Les lavements, les saignées n'y changèrent rien. L'ogre dépérissait lentement.

A cours de médecine, les ministres firent venir la diète, l'abstinence et le jeûne au chevet du roi Mangetout.

La diète s'approcha et dit :" Je suis bonne conseillère pour la santé. Pour me suivre, il ne faut pas plus de volonté qu'un enfant. Il suffit en somme de réduire les plats de viande, les plats en sauce et les pâtisseries.
Au lieu de tout cela, le roi aura plaisir a boire des potages savoureux , de manger du poisson et quelques oiseaux légers cuits à la vapeur. Sans en retrancher en rien aux autres plaisirs de la vie, ce régime là devrait d'ici peu vous tirer d'embarras."

Le jeûne prit son tour de parole : " Les conseils de la diète sont assurément les bienvenus pour un homme du commun mais non point pour un roi dans votre état. Vous devez temporairement au cours de la journée vous passer complétement de manger et de boire.
Le roi blêmit mais eu la force de faire un geste en direction de son bas ventre. De cela aussi, reprit le jeûne, vous devrez vous passer pendant votre journée.
Le soir venu, vous vous alimenterez à votre guise et sur vos autres passions, vous aurez de nouveau l'emprise. "

L'abstinence poussa ses confrères et dit : " Je vous donne avec espoir 2 semaines à vivre. L'heure n'est plus ni aux potages, ni à la retenue : vous devez renoncer définitivement à tous les mets et à toutes les habitudes qui vous ont cloué à la chambre.
Sans délai et sans compromis, vous devrez vous astreindre désormais à une portion de pain pauvre et à un verre d'eau par jour.
Vous abandonnerez sans retour les plaisirs de la chair. Les jeunes filles faciles de votre royaume, les servantes et vos nombreuses épouses seront éloignées de votre appétit. C'est le prix qu'il en coûte pour vivre et rester roi. "

Le roi râla et s'asseyant à grande peine balbutia : "le roi Mangetout préfère a tout prendre profiter de ces derniers jours pour régaler sa panse et butiner les fleurs fraîches et tendres qui se mouraient sans lui. "